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Les venins des serpents


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Composition des venins


Les venins de serpents ont le double objectif d’immobiliser rapidement la proie et d’en commencer la digestion. Les venins sont essentiellement composés d’enzymes et de toxines. Les enzymes qui composent les venins de vipéridés détruisent ou altèrent les tissus auxquels elles s’attaquent.
Un même venin peut comprendre différentes sortes d’enzymes qui ont des fonctions différentes:
Les phospholipases peuvent bloquer l’influx nerveux et détruisent les plaquettes sanguines.

Les estérases agissent sur la pression artérielle

Les hyaluronidases n’ont pas d’effet toxique mais facilitent la diffusion des substances toxiques du venin dans l’organisme

Les protéases provoquent la destruction tissulaire conduisant en partie à la nécrose.

Les toxines qui composent les venins d’élapidés se fixent sur des récepteurs cellulaires précis dont elles inhibent ou perturbent le fonctionnement sans les détruires.
C’est pourquoi une morsure d’élapidé ne laissera généralement pas de séquelles après la guérison


Symptôme après une morsure





Elapidés


Site de la morsure peu douloureux,légère enflure, problème d’élocution et de déglutition, troubles de la vision (difficulté à maintenir les yeux ouverts), début de paralysie respiratoire (après 20 ou 30 minutes) qui peut conduire à un coma lucide et à la mort


Vipéridés


Douleur locale très intense, enflure massive localement, qui peut s’étendre progressivement sur tout le membre jusqu’à la moitié de corps, saignements, nausées, urine rosâtre, destruction des vaisseaux sanguins. La mort peut survenir plusieurs jours, voire plusieurs semaines plus tard, due à une destruction massive des tissus provoquant une défaillance de l’un ou l’autre des organes vitaux.


La toxicité d'un venin


La toxicité aigüe d’un venin se définit par la quantité moyenne de venin capable de tuer un animal dans un certain délai.
Il a été décrit une dose minimale mortelle appelée dose léthale 100: c’est la plus petite quantité de venin capable de tuer tous les animaux d’éxpèrience. Il a aussi été décrit une dose maximale infra léthale appelée dose léthale 0: c’est la plus forte quantité de venin laissant sauve la totalité des animaux éprouvés. Ces deux valeurs se sont montrées imprécises, si bien que maintenant, elles ne sont plus employées, sauf conditions expérimentales particulières.
La valeur exprimée pour évaluer la toxicité d’un venin le plus précisément possible est la dose  qui tue la moitié des animaux inoculés: c’est la dose léthale 50. Elle s’exprime em Mg de venin par kg de souris.
Un raisonnement analogue précise le temps moyen de mis à mort de la moitié des animaux: c’est le temps léthal 50 (TL50). C’est un élément d’appréciation de la vitesse de diffusion de venin dans l’organisme.
La DL50 peut se chercher après injection en intra-veineuse (IV), sous-cutanés (SC), intra-musculaire, ce qui fait varier le résultat de façon notable et permet de mieux cibler le devenir des substances toxiques du venin dans l’organisme.


La sérothérapie


Il y a juste un siècle que Calmette a découvert le premier sérum antivenimeux. Depuis là, la préparation des SAV (sérum anti venimeux) ne s’est pas beaucoup modifiée. Le principe de base est d’immuniser un animal dont on utilisera ensuite les anticorps pour protéger la victime de l’envenimation.
C’est généralement un cheval qui est utilisé comme animal d’immunisation. La quantité de sérum recueillie est la principale raison de ce choix. D’autres animaux ont été proposés (vache, chèvre,mouton notammant), soit lorsque l’élevage de cheval était difficile, soit pour fournir un SAV susceptible d’être administré à des personnes allergiques au sérum de cheval.
L’immunisation est progressive et nécessite de 6 à 15 injections de doses croissantes de venin à l’animal après quoi, on prélève le sang dont on sépare les anticorps qui formeront la base du SAV.
Un SAV monovalant est obtenu après l’immunisation de l’animal par le venin d’une seule espèces de serpent.
Un SAV polyvalent est utilisé dans des endroits où l’on rencontre plusieurs espèces de serpents dangereux et où la victime ne pourra  pas forcément identifier le serpent agresseur. Il sera obtenu après l’immunisation de l’animal par le venin de plusieurs espèces de serpents.

Certaines espèces rares pour lesquelles il n’existe pas de SAV partagent des antigènes toxiques avec plusieurs autres espèces de serpents voisines, et l’envenimation bénéficiera largement d’un SAV polyvalent dont la diversité d’anticorps spécifiques est plus grande.
En principe, un SAV monovalent est plus efficace pour traiter une envenimation par l’éspèce correspondante. Mais l’immunisation de l’animal peut être renforcée par le mélange de venins de serpents de différentes espèces. Les venins associés peuvent produire une synergie qui augmente l’effet immunologique. C’est le cas à propos du Dendroapsis Anguticeps (Mamba vert de l’Afrique de l’est) dont le SAV polyvalent s’est montré plus efficace que le SAV spécifique.


Variabilité des venins de serpents


La toxicité et la composition des venins de serpents est très variable entre les genres et les espèces, mais peut l’être également à l’intérieur d’une même espèce, voire même d’une sous espèce.
Par exemple, la population de Crotalus Scutulatus vivant dans le désert Mohave possède une toxine de plus (Mohave Toxin) que les populations vivant à d’autres endroits; ils sont pourtant identiques morphologiquement. Les Crotalus Atrox vivant dans le Mohave possèdent également cette toxine, bien que moins prononcée. Ceci pourrait suggérer la possibilité d’un ancêtre commun avec une évolution parallèle reliée à la distribution géographique.
Il existe cinq sous-espèces de vipère aspic: Vipera Aspis Aspis, Vipera Aspis Atra, Viper Aspis Francisredi, Vipera Aspis Hugri, Vipera Aspis Zinnikeri. Chez les quatre premières, il y a quelques différences mineures dans la composition des venins et dans la toxicité. Par contre, chez la Vipera Aspis Zinnikeri, le venin est diamétralement différent; il est presque essentiellement neurotoxique et quatre fois plus puissant que celui des autres sous-espèces.

Autre découverte étonnante: chez un Crotalus Viridis Helleri, on a trouvé deux venins totalement différents dans chacune des glandes à venin. Celui d’une des glandes était hémotoxique, ce qui est normal pour cette espèce, mais celui de l’autre glande contenait un venin neurotoxique. Ceci reste un cas isolé très rare !!!

Les variations du venin peuvent varier également selon l’âge des serpents. Les jeunes serpents ont souvent un venin plus toxique que les adultes. La puissance du venin décroît jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte et ensuite, il se stabilise.
Il existe toutefois une exception: chez une sous-espèce du maître de la brousse d’Amérique centrale et du sud, (Lachesis Muta Stenophris) la toxicité augmente avec l’âge alors que les nouveaux-nés en sont presque totalement dépourvus.
Des recherches ont aussi été faites pour savoir s’il y avait des variations de venin entre les mâles et les femelles de même espèce, mais dans ce cas là, aucune différence notable
n’a été trouvée.
La Jungle Tropicale - Paolo Schwab / © CopyrightDepot & IDDN Certificat 2001 - 2013 / tous droits réservés sauf mentions